Dépanne Machine
Dépanne Machine est un groupe d'artistes qui s'est constitué à Mondeville en Basse Normandie en France dès 1986. Les initiales DM font référence à Marcel Duchamp, le choix d'un label anonyme relativise la notion d'auteur au profit du groupe et agit comme une marque calqué sur les Sociétés de Service et de Production. Le terme générique "Dépanne Machine" dans sa globalité se conçoit comme s'appliquant non seulement à la fabrique d'objet mais aussi s'étend à des systèmes plus complexes de machination tendant à transformer une énergie, une information.
"DEPANNE-MACHINE, entre label et artiste à deux têtes composé de Nelly Gerouard et Jean-Marc Baude, n'œuvre, non pas au sein de notre contemporanéité dans le domaine d'une syntaxe établie, rassurante, séductrice, trompeuse, mais dans celui d'un questionnement sur les effets de la réalité que produit notre univers techniciste." Eric Rigollaud dans "Eighty n°33, Créateurs à suivre 1990
Très tôt de part leur origine de la presqu'île du Cotentin ils sont sensibilisés aux effets du nucléaire et aux problèmes plus vaste de l'environnement. Leur première investigation artistique en 1987 prend la forme d'une fontaine vidéo donnant à voir l'eau, élément vital qui fera l'objet de plusieurs grands projets dont celui de "l'art au défit des Technosciences" à la Villette à Paris en 1992 avec 5 fontaines, une par continent. D'autres projets dont celui ayant reçu la bourse Léonard de Vinci en 1993 prend en compte les fontaines d'Espagne. Des projets sur papier vont naître comme celui de créer des bornes interactives ayant comme matériau l'eau sous toutes ses formes avec du son, des images et du texte: - l'eau et sa dimension fluide, l’eau usée qui retrouve par le système de recyclage une autre nature - l'eau et sa dimension poétique lorsque le poète Federico García Lorca la désigne comme fondatrice du lien social. - l'eau comme substance vitale quant elle est la base même de notre être. Cette quête de l'élément vitale qui nous génère puisque notre corps est à 80% d'eau n'est pas isolée de notre comportement vis à vis de l'eau : notre quotidien chaque fois que nous prenons un verre d'eau, chaque fois que l'on se lave, que l'on prend un bain... En 2010 au Centre de Création Européenne TPK à Barcelone, le groupe Dépanne Machine projette les ic vidéos d’eau en relation avec les mains, la bouche, les attitudes avec l'eau et expose les photographies des fontaines d'Espagne sous forme de cut-up. Si l’exploration de l’eau domine le travail artistique, la dimension écologique fait partie de la réflexion de Dépanne Machine avec "Plante verte" une exposition créée à la galerie Galéa en 1989. Un mur rouge et une enseigne dont les mots en vert désignent le champ de création: la plante verte, discours de notre environnement avec la projection vidéo des plantes de la serre du jardin des plantes de ville de Caen et d’une photographie d’une plante rouge sur un autre mur. La nature mise au rang de musée ; voilà une mise en garde qui du reste est un témoignage de ce qui arrive. Les jeux de mots organisent le champ polysémique et une autre approche des enjeux artistiques. Ainsi avec la manifestation de la "caravane des caravanes" créée par Ben, Dépanne Machine joue sur les couleurs, la caravane est rouge à l'extérieur et verte à l'intérieur et les jeux de mots jouent sur leur double sens avec "artyshow" – "artichaut" . A l’intérieur on découvre une enseigne qui annonce un monde "bénéfique pour la santé" , la pointe d'humour se révèle avec la vidéo « artichaut » où le groupe mange à sa manière un artichaut dans l’art du show... Ainsi comme pour d’autres créations les mots rentrent dans l’arène dès 1989 avec l’exposition de groupes aux abattoirs de Marseille. Un cadre doré renferme un sol peint du facsimile de Léonard de Vinci sur la technique de la peinture à l’huile et devant une grande benne garnie de 1000 bouteilles d’huiles un moniteur vidéo diffuse les champs de colza avec comme son les abeilles qui butinent. Cette installation a été mise en vente à Marseille à l’hôtel des ventes en art contemporain. Le groupe se fait connaître aussi à travers des performances comme «les ustensiles de cuisines», «cartons rouges»... et à travers sa maison d’édition Dadasco Editions.